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La longue route vers Brasilia et Brasilia (du1/09 au 15/09/07)

Nous n'avons rien à dire sur les 250 premiers kilomètres car c'est la même route qu'à l'aller et donc le même récit et pour les surprises il faut attendre un peu. A Rondonopolis, nous avons fait un petit coucou à Fiat en disant à Jules que s'il voulait nous faire 850_la_route_60.jpgun caprice c'était le moment ! Ensuite nous continuons sur Jatai où nous trouvons la route pour atteindre Brasilia. Peu d'arrêts photos sur cette route et quand nous en faisons un, au moment de repartir, Jules ne trouve rien de mieux à que de nous refaire un caprice et il ne veut pas redémarrer. Chouchou avait beau tourner la clef, tout restait noir sur le tableau de bord. Grosse panique pour Valérie, car nous étions vraiment au milieu de nulle part avec rien à la ronde sur des kilomètres, nous avions le capot ouvert et les camions ne s'arrêtaient pas.... Mais heureusement, Chouchou à très vite compris ce qui se passait, c'était un problème de batterie et, en effet, la cosse de raccordement à la batterie était cassée. Il a bricolé la cosse cassée et a réussi à reconnecter le circuit électrique et quinze minutes après, c'était reparti, OUF...

Tout au long de ce parcours ce ne sont que ballets de machines agricoles dans 843_le_matto_grosso.jpgles plaines céréalières. Ces machines travaillent en formations serrées et rendent l'environnement très brumeux. On peut voir aussi de nombreuses plaines cotonnières où les énormes balles de coton sont enveloppées sous des bâches plastiques. Tout au long du parcours très peu de villes mais quelques villages ou hameaux et parfois une maison seule au milieu de grands espaces. Peu d'élevage dans cette région.


Nous nous sommes arrêtés dans la ville de Rio Verde pour faire le plein d'argent, le plein de victuailles, aller à la lavanderia et acheter une nouvelle cosse pour ce coquin de Jules. Le temps nécessaire pour la lessive (la journée), nous l'avons passée à visiter cette ville de région agricole où, évidemment, John Deere est partout. La ville ne présente pas d'intérêt en soi, si ce c'est 831_le_matto_grosso.jpgqu'on y trouve tout ce qu'on veut. Nous avons eu du mal à trouver de l'argent car peu de banques dans ces régions reculées ont des guichets pour les cartes internationales, seule HSBC, quand elle y est, nous donne des sousous, on peut donc lui faire un coup de pub ! En fin de journée, il faisait nuit, nous retournons à la lavanderia pour récupérer notre linge propre et nous ne retrouvons pas notre lavanderia.... Avec la nuit, l'environnement ne nous disait plus rien. Nous savions que nous étions dans le bon quartier mais nous avions beau tourner et retourner nous ne trouvions plus la boutique. Alors, nous avons garé Jules et avons demandé aux passants où il y avait une lavanderia et nous avons enfin fini par la trouver, OUF. Une fois encore nous passons la soirée et la nuit dans un Posto. Depuis Florianopolis, nous avons beaucoup fréquenté ces endroits et on commence tout de même à se lasser un peu...

La route se poursuit et à l'approche de Brasilia plus de culture mais des maquis. La zone est désertique et il fait très chaud et très sec mais le ciel est d'un bleu intense. Et les quelques villes de la banlieue de Brasilia sont là mais elles sont tristes et tout de même assez1125_entre_brasilia_et_salvador.jpg éloignées de la grande ville et puis, enfin, c'est Brasilia...... et, incroyable, nos amis belges nous y attendent et donc notre première soirée dans cette ville sera soirée de fête ! Comme c'est agréable d'avoir des amis voyageurs qui nous précèdent, cela nous permet de ne pas avoir à chercher le campement, ce qui n'est pas toujours aisé dans les grandes villes. Le campement de Brasilia est formidable, c'est dans le jardin de l'auberge de jeunesse et tout près du centre ville, tout y est parfait. Quand nous y sommes arrivés, ce fût un grand bonheur de retrouver Annémie et Hendrik qui avaient retardé leur départ d'une journée pour nous voir, tous les quatre étions plein de joie. Chacun de son côté avait pensé « eh bien c'est ce soir que l'on va boire la bouteille de champagne, ramenée de France et de Belgique, réservée pour une grande occasion ». Nous avons passé une très très belle soirée.

Brasilia (2 280 000 hab., avec sa banlieue)

L'idée de « délocalisation » au Brésil a germé dans les esprits bien avant que certains grands pays d'Europe n'aient conscience du mot et où, le plus souvent, le simple fait d'évoquer un changement bouleverse les esprits, notamment en France où, d'ailleurs, le mot fait peur.... 1007_brasilia_axe_monumental.jpgC'est José Bonifacio, homme État de la période impériale, qui a donné l'idée, en 1823, un an après l'indépendance, de décentraliser les activités du pays vers l'intérieur et que la nouvelle capitale s'appellerait Brasilia. Mais plus tard, dans les années 1880, l'idée a aussi surgit dans un esprit, elle était le fruit d'un songe, celui de Dom Bosco, prêtre italien qui ne connaissait pas l'Amérique du Sud. En effet, ce dernier a rêvé qu'une nouvelle civilisation allait naître en Amérique du Sud, entre le 15e et le 20è parallèle. En son temps, ce rêve eut un impact important. Toujours est-il qu'il fût inscrit dans la Constitution de 1891 qu'une zone de la région verrait s'implanter la nouvelle capitale. De décennie en décennie l'idée ressurgissait mais rien ne se passait.

Après près d'un siècle et demi, en 1955, le Président en place, Juscelino Kubitschek (JK), jura qu'avant la fin de son mandat la future capitale du pays serait installée dans État du Goias, au coeur du pays, mais à environ 1 200 kilomètres de Rio de Janeiro. L'idée, bien sûr, était de peupler l'intérieur du pays et d'y faire fructifier le potentiel présent.

Les travaux de réalisation de ce colossal projet furent confiés à trois hommes : Lucio Costa (urbaniste), Oscar Niemeyer (architecte, ancien élève de Le Corbusier) et Roberto Burle Marx (paysagiste).

Très vite les travaux sont engagés et ce sont des millions de travailleurs, paysans pauvres du Nordeste principalement, qui oeuvrent 24H/24 pendant plus de trois ans. Le 21 Avril 1960, la ville fut inaugurée et la 984_brasilia_memorial_j_kubitschek.jpgcapitale fût transférée de Rio à Brasilia. Le Président JK quitta ses fonctions cette année là en ayant accompli le rêve de sa vie. Le jour de son inauguration la ville comptait 100 habitants.

Les brasilians vouent un culte sans pareil à Dom Bosco, notamment au travers du sanctuaire et de la cathédrale qui lui sont consacrés, et à JK au travers du magnifique et gigantesque mémorial qui lui est aussi consacré. Si les cariocas ont eu du mal à se délocaliser de Rio à Brasilia, et ont peut les comprendre, les générations suivantes nées à Brasilia ne voudraient pas quitter leur ville pour un empire. 

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En regardant le plan de la ville, ci-dessous, on comprend tout de suite que l'idée des trois bâtisseurs était de donner une forme d'avion à cette ville.
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Dans le fuselage de l'avion se trouve l'Axe Monumental qui s'étend sur 16 kilomètres et sur lequel sont situés tous les bâtiments administratifs. Tous les ministères se trouvent placés de chaque côté de cet axe et sont tous identiques (16 bâtiments de béton et verre d'une hauteur de 9 étages), à l'exception de deux (les Relations Extérieures et la Justice). Au bout du fuselage, dans le cockpit de l'avion se trouve « La Praça dos Tres Poderes » (la Place des Trois pouvoirs) avec le Palacio de Panalto (Palais Présidentiel, le Président n'y habite pas) ; le Congresso surmonté de deux coupoles et dont les deux tours en arrière-plan sont l'Assemblée Nationale et le Sénat ; puis le Tribunal Suprême Fédéral. A l'arrière des tours flottent le drapeau en haut d'un mat d'une hauteur de 100 mètres.
 
Les axes nord et sud sont les ailes l'avion. Dans chacun des deux axes, près du fuselage, se trouvent le quartier des hôtels, le quartier des banques et des affaires, des centres commerciaux et ensuite viennent, dans les ailes, les quartiers résidentiels collectifs au milieu desquels se trouvent de petits « blocs » de centres commerciaux.
 
La ville est bordée sur trois côtés par le Lago do Paranoa sur les bords duquel sont situés les quartiers résidentiels individuels. Ce Lago de 40 Km² et de 80 Km de périmètre est artificiel.

Les ambassades sont situées dans les deux axes, sur les deux langues de terre bordées par le Lago do Paranoa.

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Beaucoup, beaucoup de grands espaces verts que nous avons vus jaunes car l'hiver est la saison sèche. Les édifices les plus intéressants (?), les plus curieux (?), les plus futuristes (?), on ne sait vraiment pas quel adjectif choisir, d'autant que bon nombre de superlatifs peuvent s'adosser à chacun des adjectifs, mais ce qui est sûr c'est qu'aucun de ces bâtiments ne laisse indifférent et qu'un seul adjectif est vraiment insuffisant pour les décrire. Mais tout cet ensemble fait de Brasilia une ville musée à ciel ouvert. Ce que nous avons le plus aimé :

Palacio de Panalto (Palais Présidentiel, le Président n'y habite pas) : Palais de verre recouvert d'une chape de béton bien débordante, laquelle est très allégée par les douces courbures de ces piliers de soutènement. A l'intérieur, au premier niveau, de beaux piliers lustrés presque invisibles tant est belle la rampe d'une courbure pleine de souplesse qui permet l'accès aux bureaux de la Présidence. Les espaces y sont très vastes et la lumière est partout éblouissante. Le bureau de Lula est joliment décoré d'oeuvres brésiliennes.

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Supremo Tribunal Federal : Même architecture que le Palais Présidentiel mais il semble flotter sur l'eau. Dans un bassin, une statue symbolisant la justice.

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Les Ministères de la Justice et le Ministère des Relations Extérieures ou Palacio Itamaraty : quelles sont élégantes ces « boites » de béton et elles semblent flotter sur l'eau. Cascades jaillissantes et piliers de bétons qui ressemblent à des feuilles placées perpendiculairement à l'édifice, tout ceci donne une légèreté et une telle élégance à ces bâtiments qu'on est plein admiration pour leur créateur.
 
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Le Teatro Nacional : étonne avec son architecture en pente et façades couvertes de reliefs, on aurait presque envie d'aller y faire de la varappe. A l'intérieur, on y trouve trois salles de spectacles et un atrium.

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La Catedral Metropolitana : c'est une construction de verre circulaire soutenue par 16 colonnes de béton. Le clocher est déporté. Quatre évangélistes sculptés par Alfredo Ceschiatti, accueillent les visiteurs. L'entrée est souterraine. L'intérieur de cette cathédrale est très agréable et surtout très lumineux avec ces vitraux clairs qui laissent bien passer la lumière. Au plafond sont suspendus trois anges d'aluminium (du même sculpteurs que les évangélistes) et pour donner l'impression qu'ils sont en train de s'envoler, ils sont de plus en plus petits.

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Le Museu Nacional da Republica : une belle sphère dans un grand espace. On y accède par une rampe en courbe souple qui ressort du bâtiment pour y retourner. Nous n'avons pas pu le visiter car il était fermé. Dommage. Ce Musée est situé dans un espace qui s'appelle « l'espace culturel » dans lequel sont également regroupés la Bibliothèque Nationale et le Théâtre.

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Le Panteao da Patria Tancredo Neves (Monument aux Héros de la Patrie) : Curieux bâtiment de forme trapézoïdale pour évoquer les flammes. Il renferme une belle collection d'oeuvres brésiliennes.

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Memorial JK : Bâtiment mausolée gigantesque de forme rectangulaire très allongée, plutôt basse, recouvert de marbre blanc avec en son centre, sur le toit, une sorte de coupole qui signale la chambre mortuaire. Une statue de JK insérée dans un demi-cercle vertical au bout d'un piédestal de 28 mètres de haut, domine le monument. Autour du bâtiment sont installées sept sculptures métalliques sphériques de 2,80 m. de diamètre, aux couleurs et motifs différents, elles symbolisent les sept jours de la création du monde. L'intérieur est d'une grande sobriété. On peut y voir photos et objets personnel du Président ainsi qu'une exposition photos de la construction de la ville, mais aussi sa bibliothèque personnelle de plus de 3000 volumes.

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Le Memorial dos Povos Indigenas (Musée des peuples indigènes) : Curieux aussi ce petit bâtiment tout rond et tout plat du toit, en forme de spirale, avec des dessins d'art tribal de chaque côté de l'entrée. Les ouvertures sont garnies de vitres de couleur violette. On y accèdes par une rampe en pente douce. A l'intérieur on y trouve des objets de la culture indigène, comme des flèches et des lances, des hamacs, des tenues de parades et des objets de la vie quotidienne. Un espace à l'air libre, mais dont le centre est protégé par un auvent en béton soutenu par trois piliers, réservé aux danses et aux cérémonies tribales. Quand on est à l'intérieur, on ne se rend pas vraiment compte de l'effet produit par les vitres violettes, mais toutes les photos prises à l'intérieur sont voilées par cette couleur.

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Le Templo da Boa Vontade (le Temple de la Bonne Volonté) : Nous ne parlons de ce site que parce que les édifices sont magnifiques. Ce temple oecuménique de la Bonne Volonté répond à une ancienne prophétie du prêtre italien Dom Bosco, nous dit-on et il se veut le symbole de la solidarité universelle. Pour nous, il a tout d'une secte. En tout cas, c'est le monument le plus visité de Brasilia et c'est celui qui sait aussi le mieux accueillir les visiteurs et notamment les étrangers.Le Temple lui-même est composé de sept pyramides qui forment un cône. Au sommet de ce cône se trouve un bloc de cristal pur de 21 kilos. Tout l'édifice est recouvert de marbre blanc. L'intérieur, lieu de promenade mystique autour de deux spirales mystiques, une noire pour aller vers le centre et la blanche pour ressortir. Ces spirales symbolisent le cycle de l'évolution de l'homme. Il faut faire la promenade pieds nus. Nous l'avons faite mais nous avons souvent débordé de la couleur autorisé et un monsieur nous faisait des gros yeux.....Ensuite, ce sont les bâtiments du Parlement Mondial de la Fraternité Oecuménique, eux aussi très beaux et recouverts de marbre blanc. Les ouvertures de ces bâtiments ont des formes très originales. C'est indéniable, beaucoup d'argent dans cette organisation......

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Il y a encore bien d'autres monuments et édifices importants et intéressants dans Brasilia. Nous ne parlons que de ceux qui nous ont le plus marqué, notamment pour leur architecture, citons quand même le magnifique Pont JK avec ses trois arches en quinconce. De même, qu'ici et là, dans la ville, on peut voir de nombreuses sculptures modernes, parfois plus qu'étonnantes, pour agrémenter des places ou des édifices.
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A l'exception du Temple de la Bonne Volonté, tous les monuments et édifices que nous citons sont de l'architecte Oscar Niemeyer, mais il y en a d'autres que nous n'avons pas cités. Les Brésiliens vouent à Niemeyer un culte sans pareil, nous aussi. Au brésil et surtout à Brasilia quand on parle de Niemeyer ont dit : « Le Picasso du Béton ».

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Brasilia est une belle ville très intéressante et très riche. C'est une ville où l'harmonie est partout. Pas de grande tour élevée, à l'exception de l'Assemblée Nationale et du Sénat. Dans les quartiers d'habitations collectifs, les bâtiments font tous moins de 10 étages. Dans les quartiers des affaires ou des hôtels, c'est un peu plus haut mais sans qu'on voit surgir ici ou là une tour plus élevée. La circulation s'y fait très bien, que de larges avenues et boulevards, mais les piétons ont quand même été absents du projet.....

Nous avons adoré folâtrer dans cette ville même si il est fort difficile de la visiter à pied tant les distances sont grandes. Mais Jim nous a trimbalé tout au long des 9 jours que nous y avons passés et tous les trois nous nous sommes régalés.

Nous étions particulièrement bien installés dans le jardin de l'Auberge de Jeunesse. Une fois nos amis Belges partis, un couple de Suisses sont venus s'installer près de nous et, avec eux, nous avons passés trois belles soirées BBQ.

Durant notre séjour dans cette ville nous avons eu droit à la « Semaine de la Patrie ». Nous avons donc pu voir quelques cérémonies de rues. Nous avons notamment vu le défilé « style 14 Juillet » mais tout de même bien différent. Cela commence par un défilé des écoles, celui de l'école de musique était bien joli avec les élèves qui brandissaient des notes de musique, défilés d'associations diverses avec des participants constumés ou déguisés et puis pour finir toute la panoplie militaire avec hommes et engins divers, chevaux et chiens. Tout cela se passe avec entrain et bonhomie mais sans grande rigueur. Le plus étonnant a été la parade aérienne qui s'est effectuée en plein au dessus de la grande place et sur la foule..... Mais bien jolie parade.

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Le climat chaud et sec de la région avec un beau ciel bleu était très agréable et ce d'autant plus que les nuits étaient bien fraîches.

Nous l'avons déjà dit, nous avons aimé cette ville. Maintenant aimerions-nous y vivre ? Eh bien la réponse est : nous pourrions y vivre mais probablement que nous n'aimerions pas...

Pas de doute, Brasilia est le symbole de l'audace.

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Elle est classée au Patrimoine Culturel Mondial de l'humanité par l'Unesco depuis 1987.