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Ketchican

Quelle grande ville, plus de 15 000 habitants, d’ailleurs, c’est la quatrième ville de l’Etat d’Alaska par la population.

La ville à un très joli look vue de la mer. Elle est flanquée et étagée contre la montagne tout en léchant l’océan. Par contre, elle n’a pas une des plus belle réputation puisque l’on dit que c’est la « capitale mondiale de la pluie », mais les gens sont mauvaise langue… Surtout, ne pas y venir en Mars car il y pleut 26 ou 27 jours dans le mois. Nos premiers instants dans la ville ont été plutôt ensoleillés…

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Ketchikan est très touristique et le tourisme est d’ailleurs sa première activité économique. Les bateaux de croisière y viennent et avec eux la ville accueille plus de 800 000 touristes par an. La seconde activité de l’île est la pêche et pas seulement en mer, puisque Ketchikan est la capitale mondiale du saumon, dit-on et affiche-t-on ici, mais la Norvège ne doit pas être d’accord !

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A Ketchikan, il y a la ville du bord de l’océan avec des constructions classiques. Puis vient le centre « toutous » dont une partie s’étend le long du port. Dans les rues et ruelles de ce centre, toujours les mêmes activités commerciales avec une importance plus marquée pour les bijoutiers. Toutes les pierres fines de la planète sont exposées ici et en très grand nombre. Ce sont principalement des Indiens et gens d’Asie du Sud-Est qui font ce commerce dans cette ville. Il y a vraiment un monde fou ici quand 3 ou 4 bateaux sont à quai.

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Pour nous, la partie la plus intéressante de la ville est celle qui longe la Ketchikan River et, dans cette zone, nous retrouvons les paysages urbains de maisons sur pilotis et ils ont un charme fou. Toutes ces maisons étaient autrefois des maisons closes. Aujourd’hui, restaurées, elles sont vouées principalement au commerce. C’est un très beau quartier. Ketchikan est probablement la plus belle des villes du Passage Intérieur, en tous cas, c’est la plus pittoresque.

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La campagne environnante de la ville est une incitation à la marche. Longer au plus près la côté très échancrée, dans la forêt ou pas, c’est partir à la découverte de ceux qui ont eu envie de s’isoler un peu pour mieux profiter de l’océan. On ne sait pas si on aimerait vivre ici, mais ce qui est sûr, ce que l’on aimerait beaucoup s’y installer quelques jours pour profiter de ces beaux endroits.

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Mais Ketchikan, on y vient pour la visite du « Misty Fjord National Monument ». Eh bien, on ne l’a pas visité car le temps est devenu très, très bouché. C’est une visite très chère qui se fait soit en bateau, soit en avion. Les nuages étaient tellement épais, sombres et si bas dans l’eau que cela ne valait pas la peine de tenter la visite.

 

Ce vilain temps était parfait pour rendre visite aux saumons dans la rivière. Et, puisque Ketchikan se dit la capitale mondiale du saumon, c’est ici que nous vous demandons de « préparer vos mouchoirs » tout comme au cinéma !

 

Il était une fois les saumons…

 

Dans les eaux du Pacifique, au moins au Canada et en Alaska, il y a 5 espèces de saumons. On ne va ni les énumérer, ni en donner les caractéristiques physiques, ce serait rasoir, mais tout simplement parler de leur remontée vers les lieux de fraie.

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 Dans beaucoup de rivières, et même dans de petits ruisseaux, au Canada et en Alaska nous avons pu voir le spectacle des saumons remontant la rivière. La première fois, nous nous sommes contentés de penser que c’était normal et qu’on été simplement devant une rivière très poissonneuse. Ce que c’est que la naïveté…

Ensuite, nous avons trouvé des plaquettes d’information dans les offices de tourisme et, du coup, on s’est sérieusement penché sur les saumons.

Dans cette région les saumons se reproduisent de Juin à Septembre/octobre et, c’est bien connu, les saumons reviennent toujours sur leurs lieux de naissance pour pondre leurs œufs.

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 Il leur faudra nager pendant des centaines de kilomètres, parfois jusqu’à au moins 2000 kilomètres sur un parcours parsemé d’embûches.

 Dès qu’ils entrent dans les eaux douces, les saumons ne se nourrissent plus et pourtant le plus dur restent à faire. La remontée de leur rivière est une redoutable épreuve. Le courant et les cascades de toutes tailles ne manquent pas. Ils sont capables de franchir des cascades de 3 mètres de haut. Et puis, il y a les ours qui comptent sur les saumons pour faire leur réserve de graisse pour l’hiver.

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 Et nous, dans tout ça ? Eh bien, nous avons été tourneboulés en regardant attentivement, dans bien des rivières, et longtemps à la fois, la terrible « marche » des saumons vers leur lieu de fraie.

 La remontée la plus hasardeuse nous a semblé être celle des petits ruisseaux. Dans ces endroits, le courant existe bien, ensuite le lit est souvent constitué de gros cailloux, l’eau y est très peu profonde, les saumons sont loin d’être recouverts par l’eau. Parfois, ils se mettent sur le côté pour mieux respirer et mieux avancer.

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 Dans ces situations, on les sent complètement épuisés, au bout du rouleau, d'ailleurs nous voyons beaucoup de cadavres de saumons tout au long du ruisseau. On se rend compte aussi que ces pauvres bêtes ont subi beaucoup de transformation, leur peau est fine, plus d’écaille, plus de couleur uniforme mais des tâches colorées. Très franchement, le Scribe s’est souvent retenu de les aider. Cela aurait été facile, nous marchions le long du ruisseau.

Dans les rivières plus importantes, c’est le courant essentiellement qui semble le plus fatiguer le saumon. D’autant que dans ces rivières, il semble bien qu’il n’est pas de pause dans le courant. Alors, on peut le voir arriver le plus vite possible et avec force semble-t-il se jeter dans le tourbillon et là se faire renvoyer dans ses buts à la vitesse grand V. Pourtant, on se rend bien compte que le saumon a bien examiné son terrain et qu’effectivement il va vers la zone la moins profonde de la rivière, là où donc le courant est moins fort. Inlassablement, il recommence l’épreuve x fois et finit par passer. Mais c’est fou le temps qu’il faut au saumon dans ces rivières pour franchir ne serait-ce qu’une dizaine de mètres. D’ailleurs, la remontée de leur rivière peut durer plusieurs mois.

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Quelle que soit la voie d’eau, il y a un monde fou dans les ruisseaux et rivières.

Quand enfin ils sont au plus près de leur zone de fraie, les mâles se sont transformés et affichent un physique au dos bossu ou la mâchoire crochue. Ces nouveaux attributs seront les moyens de défense en cas d’agression de la part d’autres mâles.

Et pour finir l’histoire, une fois sur les lieux de fraie, la femelle fait un trou pour y déposer ses œufs (environ 3500). Cette opération de « terrassement » de la femelle va attirer les mâles, lesquels ne se feront pas de cadeau pour avoir le droit de fertiliser ces œufs. Ensuite la femelle les recouvre du mieux possible, mais bien peu arriveront à maturité.

Et que c’est triste, environ deux semaines après la ponte, la femelle mourra et le mâle aussi quelques jours après.

Quant aux petits, ils naîtront au milieu du printemps et passeront les deux premiers mois de leur vie enfouis profondément dans les graviers de la rivière pour se protéger des courants, leur sac vitellin bien garni. Un mois plus tard, ils se hasarderont dans les courants et chasseront les insectes pour se nourrir. A la fin de l’été, ces larves seront devenues des alevins de 5 centimètres qui resteront dans la rivière entre 1 et 2 ans et c’est quand ils auront atteint la taille d’environ 15 centimètres qu’ils feront le grand saut vers le Pacifique. Il est probable que c’est à ce moment là que ces « mystérieux » saumons mémorisent l’odeur de leur rivière ce qui leur permettra d’y revenir à leur tour pour y pondre et y mourir.

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 Le saumon du Pacifique ne fait qu’une fois le trajet vers l’océan. Le saumon de l’Atlantique, quant à lui, fait 3 à 4 traversées vers l’océan. La durée de vie des saumons, selon l’espèce, est de 3 à 8 ans.

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Nous n’avons pas pêché de saumon mais nous en avons mangé beaucoup et du très bon. Notre préféré est le saumon Sockeye ou saumon rouge. Il est absolument délicieux.

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Nous quittons Ketchikan pour Prince Rupert (Canada) et la durée de la traversée est de 6 heures.

Cette traversée a été semi-nocturne. Nous sommes arrivés à Prince Rupert à 2 heures du matin. Elle restera un moment magique de notre voyage dans le Passage Intérieur tant le coucher de soleil a été grandiose.

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Nous n’avions encore jamais vu de telles couleurs pour un coucher de soleil. Cela passait du mauve au violet avec des alternances de rouge, d’oranger et de bleu. Ces couleurs, les unes après les autres, ou ensemble, s’affirmaient dans les tons foncés pour ensuite revenir aux tons plus clairs et ainsi de suite, et pour finir, toutes ces couleurs se reflétaient dans l’océan. C’était vraiment un coucher de soleil très particulier et si long. Il faut dire que dans ces régions où les jours sont si longs en été, les couchers de soleil n’en finissent pas de s’épanouir et de durer.

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L’Alaska c’est fini… Elle est éblouissante ; elle l’est dans l’ombre, elle l’est dans la pénombre et ce sont ces deux éléments qui la servent le mieux. Jamais contrée dans le monde ne nous aura apporté autant de bonheur et de sérénité à regarder notre environnement et à le regarder le plus souvent de façon contemplative en ayant le sentiment de toujours vivre un moment intemporel.

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 L’Alaska ne se regarde pas, elle se contemple…

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Les yeux de l’Alaska…

 

 

 

 

 

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N.B.Notre dernière étape en Alaska a été Hyder. On en trouve le récit dans le carnet de voyage Canada, page 7.