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Après cela, nous refaisons la route à l’envers jusqu’à Te Anau toujours accompagnés par un chant de pluie assez mélodieux où graves et aigus trouvent la juste balance alors on se refait notre séquence « Chantons sous la pluie » mais sans beaucoup d’entrain cette fois-ci !

Allez, maintenant ignorons la pluie comme savent le faire ces oiseaux, pas très beaux, qui ressemblent à des perroquets et qui eux aiment ce temps car il leur permet de gratter la terre sans forcer et ainsi d’y trouver facilement un bon plat de vers de terre et autres animaux du même genre. Rien ne peut les impressionner et donc on peut presque les toucher. Certains ont eu un culot d’enfer en venant se poser carrément sur les rétroviseurs. Bref, c’est l’oiseau qui aime la compagnie et qui n’a pas peur du tout des humains semble-t-il. Il vole très peu et très bas et c’est dommage, car son plumage, ailes déployées, est beau et coloré et c’est la couleur orange qui domine. Cette petite bestiole, est le Kea. C’est un oiseau protégé et quand il est sous haute surveillance il est bagué, et en jaune, couleur qui va très bien à son genre de beauté !

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Alors que nous ne sommes plus très loin de Te Anau, la montagne a redonné de l’espace à la route, genêts et yuccas reviennent en force mais les genêts sont encore un peu ternes.

Il ne pleut plus et on espère que bientôt on ne sentira plus le chien mouillé !

La couche nuageuse est très épaisse et d’un gris un peu soutenu. Sous cette couche, d’autres nuages, style électrons libres, divaguent un peu dans le ciel. Ceux-là sont blancs et donnent de la lumière. Ainsi, nous avons des paysages qui « ont de la gueule » et c’est le moins que l’on puisse dire.

A nouveau nous arrivons sur les bords du Lac Te Anau, c’est un autre côté mais le lac n’a pas le « teint » plus clair que lorsque nous y sommes passés à l’aller. Le paysage n’en demeure pas moins superbe. De toutes façons, ce n’est pas la grisaille qui peut amoindrir la beauté de ce genre de paysage. Certes, elle les transforme et ils ont une autre beauté, mais est-elle moins belle ? Certainement pas, d’autant que le grand mauvais temps leur apporte une dose de mystère qui est loin d’être négligeable et qui renforce leur attrait. Curieusement, on se rend compte que lorsque l’on se retrouve devant des paysages « façonnés » par la météo, on ressent un sentiment d’intemporel et l’on est pratiquement scotchés devant le paysage comme on peut l’être devant un beau tableau au musée et, dans le même temps, l’on peut avoir le sentiment d’être transporté dans un rêve.

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C’est dans un bel état d’esprit que nous arrivons à Te Anau. La petite ville avec ses jardins verdoyants et fleuris est comme un soleil dans le paysage et, d’ailleurs, le ciel s’est éclairci...

Nous allons maintenant retourner au sud de la côte est en visitant la région des Catlins.

La route est belle, parfois toute jaune, parfois toute verte avec toujours de la montagne et quelquefois une rivière. Les couleurs ne sont pas encore revenues au plus fort de leur éclat mais cela va vers le meilleur. Les troupeaux aussi sont de retour sur nos routes et moutons et bovins jouent l’alternance dans de beaux alpages.

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La montagne est belle. Quand la zone est aride, certains massifs se présentent plus agressifs en affichant un sommet pointu et les autres qui sont arrondis sont recouverts de plantes et fleurs. Les nuages participent au décor.

Puis, une jolie rivière se présente ; elle a perdu ses couleurs alors elle laisse la vedette aux fleurs qui la bordent. C’est très joli. On peut dire que dans cette zone les genêts inondent le paysage. Quelle plante décorative quand elle est en fleurs ! Ils sont un peu différents de nos genêts de Bretagne par exemple. Notamment, ils sont moins hauts mais beaucoup plus denses et ils sentent très bon.

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A l’approche de l’océan, on retrouve une belle couverture nuageuse, ma foi, bien dense, de couleur uniforme, en d’autres termes une réussite dans le genre, mais il ne pleut pas.

C’est dans ce décor que nous apparaît, dans toute sa splendeur l’estuaire de la Waihopai River ; c’est magnifique. Certes, l’eau est grise comme le ciel, mais les bancs de sable sont en quelque sorte les spots de la place, et leur lumière réveille l’ensemble. Que d’harmonie et de douceur dans l’endroit et même une touche d’exotisme avec des yuccas qui bordent la plage.

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Ce bel estuaire sert de décor à la ville de Invercargil.

Avec plus de 52 000 habitants, Invercargil est la capitale de la « Southland Région ». Pour ses ressources, la ville a deux vocations : l’agriculture avec les moutons et leur laine et l’industrie avec l’aluminium.

Le principal attrait touristique de la ville, c’est qu’elle est soit le point de départ, soit le point d’arrivée des touristes qui visitent la région des Catlins ou qui vont à Stewart Island. C’est une ville « camp de base ».

Pour nous, c’est le point de départ et nous quittons la ville assez vite tant nous avons hâte de voir plus loin si il n’y a pas un tout petit peu de bleu dans le ciel mais aussi quelques degrés de plus dans l’air.

C’est par la route côtière que nous visitons cette région. Elle est réputée ventée et vraiment elle l’est. Il faut se cramponner, et dur parfois. Nous suivons la mer qui dans un premier temps donne un paysage assez calme avec quelques amas rocheux ici ou là sur les plages. Il faudra attendre un peu, puis nous aurons des falaises d’abord sablonneuses, ensuite le granit prend le relais et finit par s’imposer et nous avons un gris de plus dans le paysage !

Si le paysage est très sauvage, les plages ne sont pas désertiques. En effet, nous avons droit à quelques groupes de familles lions de mer et comme toujours quand on en voit, c’est bonheur et émotion. Franchement, on ne s’en lasse pas. Certains « parents » dorment et les « enfants », réveillés, sont couchés sur eux ; d’autres sont complètement avachis les « bras » en croix si l’on peut dire. Tous ont quelque chose, ou font quelque chose qui nous attendrit. On restera un bon moment en leur compagnie.

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La région est très ventée, on l’a déjà dit mais on n’hésite pas à le répéter lorsque l’on voit les arbres qui poussent à l’horizontal, collés au sol. C’est vrai que ces arbres ne sont pas nombreux, mais cela reste assez édifiant et donne une idée de la puissance du vent dans cet endroit. Nous avons bien failli perdre une portière...

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Malgré le vent, cette région semble propice aux moutons et les pairies en regorgent. Il n’y a plus de montagne ici, alors nous avons des prairies/moutons à perte de vue. Leur belle et dense toison, bien gonflée, leur permet d’affronter ces conditions climatiques.

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Les falaises sont de plus en plus verdoyantes et semblent toutes tapissées d’herbe rase que l’on pourrait prendre pour de la mousse. De même qu’elles prennent de la hauteur au fur et à mesure que nous progressons. De nouveaux arbres, peu nombreux, font leur apparition dans les prairies et ceux-là affichent une rigidité qui montrent combien la vie est rude pour le monde végétal dans cette région. Si ces arbres sont bien droits, leur ramure est bien maigre et le feuillage « coiffé » dans le sens du vent. Ces bouquets d’arbres meublent admirablement l’espace.

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Plus loin, à Curio Bay, nous faisons un retour vers le passé et un passé très lointain puisque nous nous retrouvons 180 millions d’années en arrière, pas moins ! Nous y arrivons au bon moment, c’est à dire à marée basse.

Dans cet endroit, en contrebas de la falaise, nous pouvons apercevoir les traces d’une forêt fossilisée qui se matérialise par des lignes qui représentent les troncs d’arbres fossilisés. Il vaut mieux être averti pour être sûr de voir ce site qu’il convient de repérer de la falaise ; étonnant.

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Puis, nous arrivons à Walpapa et sa fameuse plage. C’est l’Océan Austral qui fait fureur ici pour le bonheur des surfeurs de haute volée. En effet, Walpapa est connue et reconnue des surfeurs du monde entier pour sa fameuse vague, ou plutôt déferlante : la « Papas ». La particularité de la vague, outre qu’elle est féroce, elle a une hauteur d’au moins 10 mètres de haut. De plus, pour l’atteindre il faut se faire tirer en jet ski mais elle vous ramène aussi vite ! Débutant, s’abstenir...

Nous n’avons pas trouvé la mer démontée quand nous sommes passés, mais la plage est belle.

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Après cela, nous allons faire une incursion dans une forêt pluviale avec rivière et cascades, le tout dans la grisaille. Mais finalement on ne s’en rend pas vraiment compte car nous sommes souvent complètement enfouis dans cette forêt si riche et si colorée. Les fougères, comme toujours en Nouvelle Zélande, sont la vedette des lieux. Les sentiers sont particulièrement bien aménagés avec passerelles en bois quand c’est trop humide. Le parfum d’humus est très prononcé et c’est très agréable. Tout est bien vert, même les cailloux qui sont recouverts de mousse et c’est un vert pimpant. D’une façon générale, nous n’aimons pas les forêts, mais nous avons toujours beaucoup plaisir à visiter ces forêts pluviales.

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Ensuite, tout en restant en bord de mer, notre route grimpe un peu, le paysage est de plus en plus vallonné et de petits massifs forestiers meublent le paysage.

La côte est de plus déchiquetée et l’océan est par endroit un véritable champ de masses rocheuses ou encore de petites presqu’îles incisives qui s’avancent dans l’océan, telles des lames. L’une d’entre elles est particulièrement belle mais aussi dangereuse pour les bateaux, alors elle est équipée d‘un phare que l’on peut visiter.

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Nous y sommes allés, mais l’intérêt est surtout pour la promenade sur la crête de la presqu’île qui est vraiment très belle et ses à-pics, de chaque côté, sont très impressionnants. En contrebas, le spectacle des lions de mer, phoques et pingouins qui s’en donnaient à cœur joie fait un peu oublier les caprices du temps. L’endroit est très beau et « Bretonnant » à souhait.

Les fleurs reviendront sur la route, les collines seront de plus en plus verdoyantes, les moutons toujours aussi nombreux, les arbres continueront leur croissance à l’horizontal, les plages toujours aussi belles mais désertes et, hélas, le ciel restera en gris. Et c’est comme cela que nous finirons notre parcours dans la belle région des Catlins…

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Nous ne nous attardons pas dans la ville de Balclutha qui se situe sur la côte, au sud est de l’île. Nous allons juste faire quelques pas sur les bords de la Clutha River qui traverse la ville et, dès qu’elle la quitte, c’est pour se retrouver enfouie dans la végétation. C’est une très belle rivière aux eaux plutôt calmes qui doit avoir une bien jolie couleur quand le ciel est en fête.

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Puis, nous prenons une route qui va à nouveau nous faire traverser l’île en diagonale de l’est à l’ouest en remontant vers le nord. De ce côté-ci de la planète c’est en allant vers le nord que l’on trouve soleil et chaleur, en principe…

Très vite, nous reprenons de l’altitude et notre ciel semble un peu moins chargé. En fait, nous nous trouvons dans une atmosphère brumeuse, un peu comme si il y avait une légère fumée. C’est nettement plus clair que sur la côte et beaucoup moins humide. Nous restons optimistes.

Ce sont les genêts qui retrouvent en premier de l’éclat et puis, ensuite, les éboulis rocheux, eux aussi, sont presque dans le même état que s’ils étaient inondés de soleil. Ce ciel laiteux a finalement un bel impact sur nos paysages.

Plus loin et un peu plus haut, nous arrivons à nouveau dans l’environnement du Lac Wanaka, mais par un autre côté, et quel plaisir de retrouver ce beau lac. Tout est là pour faire un superbe paysage. Les montagnes sont plutôt arides bien que certains versants soient recouverts d’herbes rases, le ciel où la masse nuageuse est consistante donne cette belle couleur d’eau glacière à ce lac. Et puis, aussi, les montagnes se rapprochent un peu comme si elles allaient transformer ce lac en fleuve. Ce lac est vraiment magnifique sur tous ses côtés et quand on le voit ainsi on est finalement content qu’il y ait cette grisaille qui nous permet de jouir de ce beau tableau naturel.

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Sur cette route, nous vivons le suspens des virages. Oui, c’est du suspens car c’est vraiment très beau et après chaque virage le décor a changé, c’est un peu comme au théâtre et tous les « tableaux » sont superbes et on en raffole. Du coup, nous roulons à la vitesse des escargots, heureusement, pas grand monde du tout sur la route et l’on peut donc savourer cette merveilleuse nature à souhait et le niveau « à gogo » n’est jamais atteint.

Lorsque la route quitte les bords du lac, c’est pour nous transporter dans une région agricole fruitière dont le cœur est la ville de Cromwell, un peu plus bas dans la vallée. La descente est très belle avec une route dont les talus croulent sous les fleurs et la couleur fuchsia est de mise, mais on ne connaît pas le nom de ces fleurs. Au détour d’un virage Cromwell apparaît et c’est bien tentant, alors on y va !  

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Cromwell (4 200 habitants), située dans un creux entre la Clutha River et les montagnes, est née dans les années 1860 grâce à deux Américains qui ont découvert de l’or dans la région, et beaucoup… Alors, les orpailleurs du monde entier sont arrivés ici et y sont restés jusqu’à épuisement du filon et sont partis voir ailleurs. Après cela, la ville s’est endormie pour mieux renaître avec des activités… euh… durables, pour utiliser un terme à la mode !

Le durable pour Cromwell, c’est le fruit ! Pommes, Poires, Nectarines, Pêches et Cerises font l’abondance dans les vergers de la région et le régal de tout le pays. Et Cromwell est si fière de ses fruits qu’elle les affiche en « very big » dans les rondpoints de sa ville.

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Il y a en fait deux Cromwell : le Cromwell moderne, petite ville classique et tranquille dont le centre est entièrement piétonnier ; le Cromwell ancien, « l’Old Cromwell Town », qui « joue » la carte de son passé minier et, du coup, c’est le Far West ! Des avenues bordées de bâtiments comme au bon vieux temps de la ruée vers l’or, mais qui aujourd’hui sont des boutiques souvenirs. A l’arrière on trouve les maisons d’habitation et l’église et ainsi le village est complet. L’élément décoratif de ce vieux village, c‘est le couple cheval/charrette qui l’a emporté ! Tout est situé sur les bords de la rivière et face aux montagnes. On aime ou on n’aime pas, mais cela reste un très beau cliché.

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Nous avons passé un moment très agréable dans cette petite ville où la grisaille avait baissé de quelques tons.

Quelques kilomètres plus loin les tons changent de tons si l’on peut dire et la gamme des gris foncés s’élargit et prend du poids, mais la lumière n’est pas complètement éteinte et cela nous donne un beau spectacle dans lequel le relief prend ses aises.

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La route continue son spectacle, d’abord en nous tirant quelques lignes droites dont certaines nous donnent à penser que l’on va s’écraser le nez sur le versant de la montagne tant la route est tracée à ras la montagne ; en ouvrant la fenêtre on peut la toucher. Entre chaque ligne droite nous avions toujours le « suspens virage » et l’intensité du décor ne baisse pas.

Nous avons une alternance très serrée de montagnes verdoyantes de prairies, verdoyantes de forêts et les massifs arides semblent être là pour renforcer la beauté des autres et à cela s’ajoutent des espaces recouverts de broussailles colorées et d’arbustes, on a envie de dire au vert « frais » et quand à tout cela s’ajoute encore une fois le Lac Wanaka, on ne dit plus rien, il faut regarder. En regardant tout cela on oublie que le ciel existe et que peut être il n’est pas de la couleur que l’on préfère mais ici on a pas besoin de lui pour terminer le tableau car on ne regarde que vers le bas tant c’est beau en bas… Nous on aime.

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Plus nous avancerons en restant au plus près de ce lac et plus nos paysages seront grandioses, avec, d’un côté, la montagne de plus en plus volumineuse, épanouie, toute en rondeurs, toute « cabossée », rarement pointue, et, de l’autre côté, le lac qui nous en fera voir de toutes les couleurs et le ciel, lui, il sera lourd et même très lourd parfois mais la délicatesse des plantes viendra souvent alléger le tableau. Cette route est franchement époustouflante et elle semble être sans fin. Les hameaux ou villages sont pour ainsi dire absents et donc nous ne voyons pas âme qui vive et c’est presque la même chose pour les voitures.

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Pendant un temps les nuages descendent de plus en plus sur le lac et c’est même à se demander si ils ne vont pas finir par couvrir ce lac en tous cas certains massifs ont perdu la tête… Et c’est beau !

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Et puis, le beau lac s’en est allé et il nous reste la montagne pour compagne et elle ne manquera pas de nous faire de jolies scènes et ainsi jusqu’au col de Haast Pass…